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Les Héros de la Littérature Policière
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5 mai 2008

Portraits choisis de détectives célèbres

   

Eugène-François Vidocq      
(1775-1857)

 

 

« Figurez-vous un homme sans nom, sans gîte, vivant de dénonciations quotidiennes, marié à une de ces malheureuses sur qui il est obligé, de par sa qualité, d'exercer sa surveillance, un fieffé coquin, aussi impudent qu’infâme, et ensuite vous imaginerez, si vous le pouvez, ce que doivent être les œuvres morales d'un tel homme. » (Alexandre POUCHKINE)

 

Le précurseur français des détectives ?

 
   

Né 25 juillet 1775, à Arras, où son père était boulanger,un de ses premiers méfaits fut de voler dans le comptoir paternel la somme de 2000 francs, avec laquelle il comptait s'embarquer pour l'Amérique.      
Ce projet ayant échoué (il s'était fait délester de l'objet du délit par d'autres voyous), il s'en revint à Arras implorer le pardon paternel.      
A 16 ans, quand éclata la révolution, il s'engagea; mais il ne tarda pas à déserter aux Autrichiens. Condamné à recevoir la bastonnade, il abandonna les rangs ennemis, et vint se réfugier, comme déserteur belge, sous le drapeau français.      
Il déserta de nouveau, et s'en retourna à Arras, où il épousa la sœur d'un nommé Chevalier, l'un des acolytes de Lebon. Il ne tarda pas à l'abandonner pour s'engager dans le bataillon de volontaires d'Arras, convaincu de l'infidélité de la belle.      
Incorporé ensuite dans ce qu'on appelait l'armée roulante, ramas de prétendus officiers sans troupes ni brevet, il parcourut alors, en compagnie de joueurs et d'escrocs, les principales villes de la Belgique, puis, d'aventure en aventure, s'en vint à Paris, où il commit force vols et escroqueries durant la Terreur, il est arrêté et condamné en 1796 à huit ans de travaux forcés pour faux.

   

Après s'être évadé du bagne de Brest, il est transféré Toulon, dont il s'évade à nouveau.      
Colporteur, courtaud de magasin, tailleur, mais toujours en relations plus ou moins directes avec des malfaiteurs, il exerça plusieurs métiers avant de se laisser enrégimenter dans la police de sûreté de la capitale. (En échange d'une amnistie, il livre à la police des informations sur le milieu et devient indicateur en 1809.)

   

Le préfet, appréciant les services que pouvait rendre un tel agent, le plaça, en 1810, à la tête d'une brigade dite de sûreté et composée de condamnés libérés à qui un séjour plus ou moins long dans les prisons avait fourni, comme à leur chef, l'occasion de connaître le personnel de malfaiteurs alors en exercice. Grâce à l'habile organisation de la brigade de sûreté, la police put, dans le courant d'une seule année, mettre la main sur plus de sept cents forçats évadés ou en rupture de ban et débarrasser la capitale de ces hôtes dangereux.

   

Dans ses Mémoires Vidocq se défend d'avoir jamais fait de la police politique.Cependant, en 1818 il fut complètement grâcié. « Personne, dit de lui un biographe, dans les fonctions, plus difficiles qu'on ne pense, d'agent secret, n'avait encore réuni au même degré la présence d'esprit, l'adresse manuelle, la finesse d'intelligence, la force du corps, l'intrépidité, l'activité, l'élocution facile et triviale qui est l'éloquence du peuple, la faculté de se grimer, et enfin, pour nous servir de ses expressions, cet œil qui dindonne le voleur. »

   

Les appointements de Vidocq n'étaient que de 5000 francs par an; mais il avait en outre ce qu'en termes d'argot administratif on appelle le tour du bâton, profits illicites et secrets, autrement importants que les émoluments officiels.

   

Il fut accusé de monter des coups, d'organiser des vols, pour se donner le facile mérite de surprendre les malfaiteurs sur le fait et prouver ainsi sa vigilance et son habileté. Quelques habitués des bagnes essayèrent maintes fois, devant la cour d'assises, de se poser en victimes de Vidocq, et prétendirent n'avoir fait que céder à ses instigations. La justice et le jury ne tinrent jamais aucun compte de ces allégations.

   

Petit à petit, Vidocq deviendra pour la police, plus dérangeant qu'utile, mais quand il fut remplacé, ce fut par un individu du nom de Coco-Lacour et d'antécédents à peu près analogues.

   

Chef de la brigade particulière de Sûreté de 1812 à 1832, il fonde en 1833 l'agence de Police Privée la plus renommée. Son agence, dénommée " Bureau de renseignements Universels dans l'intérêt du commerce et des familles ", connut un tel succès que dès 1896, Jean-Marie GORON, illustre Chef de la Sûreté Générale, créa à son tour un cabinet privé, la première entreprise de ce genre qui parvint à acquérir une véritable dimension européenne.      
Leur réputation n'allait pas tarder à franchir l'Atlantique et inspirer Allan PINKERTON, un révolutionnaire écossais, qui fonda une agence à Chicago (Illinois) considérée, aux U.S.A., comme l'ancêtre du fameux F.B.I.      
Mais cette concurrence faite à la police officielle blessa les susceptibilités de celle-ci, qui fit intenter un procès au fondateur du bureau de renseignements.      
Un jugement en ordonna la fermeture; Vidocq comprit que la lutte qu'il essayait d'engager était perdue d'avance. Il se retira en Belgique, où il est mort, en 1857.      
On a de lui des Mémoires (Paris, 4 vol, 1828) dont il a fourni le fond.      
À côté de beaucoup de faits de pure invention, on y trouve de curieux détails sur quelques-uns des principaux drames judiciaires du temps."

   

Fréquentant les milieux littéraires parisiens, Vidocq impressionna de nombreux écrivains qui s'inspirèrent de son personnage et de ses méthodes :      
Alexandre Dumas, Eugène Sue      
Balzac qui immortalise Vidocq dans le personnage de Vautrin, protagoniste dans "Le Père Goriot", "Les illusions perdues", "Splendeurs et misères des courtisanes", et dans un drame théâtral "Vautrin".      
Victor Hugo, aussi, prend Vidocq pour modèle lorsqu'il crée Javert, homme tourmenté et ambigu, policier efficace et impitoyable, qui traque Jean Valjean, le forçat au grand cœur dans "Les Misérables".      
Vidocq apparaît comme le premier personnage-type du futur roman policier (le seul qui ait vraiment existé).

   

Biographies:

   

Sur le Net: :      
Vidocq      
Publications sur Vidocq      
Fictions sur Vidocq

   

Oeuvres de Eugène-François Vidocq

   

- Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté, jusqu'en 1827, Paris, Tenon, 1828. Tome 1 : 357 p.; tome 2 ; tome 3 : 364 p.; tome 4 : 420 p. (BNF, Gallica )    
- Les voleurs. Physiologie de leurs moeurs et de leur langage, ouvrage qui dévoile les ruses de tous les fripons et destiné à devenir le vade-mecum de tous les honnêtes gens, Paris, Tenon, 1828, LXVIII-396 p. (BNF, Gallica)

   

Sur le Net:      
Bibliographie complète

   

A lire à propos de Vidocq :

   

- Le vrai Vidocq – Eric Perrin – Ed. Perrin 1995 réédité 2001    
- Vidocq, du bagne à la préfecture – Bruno Roy-Henry – Ed. de l’Archipel – 2001      
- Vidocq, le Napoléon de la police – Marie-Hélène Parinaud – Ed. Tallandier – 2001      
- Le vrai Vidocq – Jean Savant – Hachette – 1957, réédition Livre de Poche 2001      
- Mémoires et Les Voleurs – Eugène-François Vidocq - Robert Laffont – 1998

   

         

   

Citations:

   

Extraits du Dictionnaire Argot-français (Vidocq)

   

- DARON DE LA RAILLE, DE LA ROUSSE    
s. m. Préfet de police.      
- DÉFLEURIR LA PICOUSE      
v. a. Voler le linge étendu sur les haies.      
- ENQUILLEUSES:      
Elles savent placer à nu entre leurs cuisses une pièce d’étoffe de vingt à vingt-cinq aunes, et marcher sans la laisser tomber et sans paraître embarrassées,       
si ce n’est pour monter ou descendre un escalier.

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